Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/229

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une loi sur l’assainissement des villes, sans avoir la moindre notion d’hygiène, demain, réglementant l’armement des troupes, sans même connaître un fusil, faisant des lois sur l’enseignement et l’éducation sans avoir jamais su donner un enseignement quelconque ou une éducation honnête à leurs enfants, légiférant à tort et à travers, mais n’oubliant jamais l’amende qui atteindra le va-nu-pieds, la prison et les galères qui frapperont des hommes mille fois moins immoraux qu’ils ne le sont eux-mêmes, ces législateurs ! — Nous voyons enfin le geôlier qui marche vers la perte de tout sentiment humain, le gendarme dressé en chien de piste, le mouchard s’admirant lui-même, la délation transformée en vertu, la corruption érigée en système ; tous les vices, tous les mauvais côtés de la nature humaine, favorisés, cultivés pour le triomphe de la Loi.

Nous voyons cela et c’est pour cela, qu’au lieu de répéter niaisement la vieille formule : « Respect à la loi ! », nous crions : « Mépris de la loi et de ses attributs ! » Ce mot lâche « Obéissance à la loi ! », nous le remplaçons par : « Révolte contre toutes les lois ! » Que l’on compare seulement les méfaits accomplis au nom de chaque loi et ce qu’elle a pu produire de bon, qu’on pèse le bien et le mal, — et l’on verra si nous avons raison.