Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/267

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rèrent du pouvoir. Les uns, déjà célèbres, furent acclamés par les badauds ; les autres se poussèrent eux-mêmes, et furent acceptés parce que leur nom ne représentait rien, sinon un programme d’accommodement avec tout le monde.

Qu’on ne vienne pas nous dire que c’était manque d’esprit pratique de la part du parti d’action ; que d’autres pourront faire mieux… — Non, mille fois non ! C’est une loi, comme celle du mouvement des astres, que le parti d’action reste en dehors, tandis que les intrigants et les parleurs s’emparent du pouvoir. Ils sont plus connus dans la grande masse qui fait la dernière poussée. Ils réunissent plus de suffrages, car, avec ou sans bulletins, par acclamation ou par l’intermédiaire des urnes, au fond c’est toujours un genre d’élection tacite qui se fait en ce moment par acclamation. Ils sont acclamés par tout le monde, surtout par les ennemis de la révolution qui préfèrent pousser en avant les nullités, et l’acclamation reconnaît ainsi pour chefs ceux qui, au fond, sont des ennemis du mouvement ou des indifférents.

L’homme qui plus que tout autre fut l’incarnation de ce système de conspiration, l’homme qui paya par une vie en prison son dévouement à ce système, lança à la veille de sa mort ces mots qui sont tout un programme : Ni Dieu ni Maître !