Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que ce soit pour savoir que l’idée socialiste gagne du terrain au sein du peuple !

Quant à nous, ce spectacle nous afflige au lieu de nous réjouir. Il nous prouve, d’une part, que la bourgeoisie complote pour escamoter le socialisme, absolument comme elle escamotait jadis l’idée républicaine ; et d’autre part, il nous prouve que ceux qui jadis furent considérés comme socialistes lâchent aujourd’hui le socialisme, en renonçant à son idée-mère, et passent dans le camp de la bourgeoisie, tout en conservant, pour masquer leur volte-face, l’étiquette de socialistes.




Quelle fut, en effet, l’idée distinctive, l’idée-mère du socialisme ?

— L’idée de la nécessité d’abolir le salariat, d’abolir la propriété individuelle du sol, des maisons, des matières premières, des instruments de travail, du capital social en un mot. Quiconque ne reconnaissait pas cette idée fondamentale, quiconque ne la mettait pas en pratique dans sa vie privée en renonçant à l’exploitation d’autrui, — n’était pas reconnu socialiste.

— « Admettez-vous la nécessité d’abolir la propriété individuelle ? — Admettez-vous la nécessité d’exproprier, au profit de tous, les détenteurs actuels du capital social ? — Sentez-vous le besoin de vivre conformément à ces principes ? » Voilà ce qu’on demandait autrefois au nouveau venu, avant de lui tendre la main comme à un socialiste.

Il est évident qu’en vous posant ces questions, on ne vous demandait pas si vous reconnaissiez la nécessité