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L’ESPRIT DE RÉVOLTE[1]




I


Dans la vie des sociétés, il est des époques où la Révolution devient une impérieuse nécessité, où elle s’impose d’une manière absolue. Des idées nouvelles germent de partout, elles cherchent à se faire jour, à trouver une application dans la vie, mais elles se heurtent continuellement à

  1. La manière de concevoir la grande Révolution française, adoptée dans ces articles, diffère de la version officielle. Je dois donc quelques mots à mes lecteurs pour la justifier. Pour les historiens admirateurs de la bourgeoisie, le grand drame s’est noué principalement dans les grandes villes, et surtout sur l’arène parlementaire. Le peuple des campagnes se soulève bien pour quelques mois, après que Partis lui en a donné le signal par la prise de la Bastille, il brûle quelques châteaux, et puis tout est dit. Si, plus tard, il y a encore quelques émeutes, dont on cherche à atténuer l’importance, ce ne sont plus que des « brigands », certainement soudoyés par la contre-révolution, qui fomentent le désordre ; les honnêtes républicains, les patriotes, pouvaient-ils vouloir le désordre