Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/287

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économiques et sociales tombent en ruine ; édifice devenu inhabitable, il gêne, il empêche le développement des germes qui se produisent dans ses murs lézardés et naissent autour de lui.

Un besoin de vie nouvelle se fait sentir. Le code de

    bien la situation : — « Robespierre ! s’écria-t-il — mais chaque village avait son Robespierre ! » Il eût dit mieux encore s’il avait dit : « son Marat, son club des enragés ! »

    Cela seul rendit possible le renversement du pouvoir absolu. Pendant que les paysans s’insurgeaient, poursuivant leur but ; pendant que les sans-culottes des villes, cherchant à tâtons un nouvel avenir, renversaient les pouvoirs établis, empêchant ainsi la constitution d’un pouvoir fort — la bourgeoisie put greffer sur la révolution populaire sa révolution, qui lui permit de renverser la royauté et de s’emparer du pouvoir gouvernemental pour son compte. Ceux qui se rebiffent à l’idée que leurs devanciers bourgeois ont fait leur révolution en s’appuyant sur ces misérables qu’ils insultent aujourd’hui feraient mieux de consulter les sources de l’histoire au lieu de se borner aux reproductions, plus ou moins assaisonnées d’épisodes, de l’Histoire Parlementaire de Buchez et Roux et du Moniteur. Ils verraient comment leurs ancêtres, si corrects dans l’histoire officielle, ne reculaient pas devant l’envoi de pamphlets incendiaires dans les campagnes « sous le sceau de l’Assemblée nationale », et comment ils allaient chercher des alliés pour leurs manifestations dans les caboulots mal famés de la banlieue. M. Taine, non plus, n’a pas bonne grâce d’insulter ces « jacobins » (pour lui, tous les révolutionnaires sont des jacobins !) qui venaient faire les élections à coup de trique ; c’est à eux précisément qu’il doit de ne plus être un sujet de S. M. le Roy.

    Quant aux insurrections qui précédèrent la révolution et se succédèrent pendant la première année, le peu que j’ai pu en dire dans cet espace restreint est le résultat d’un travail d’ensemble que j’avais poursuivi en 1877 et 1878 au British Museum et à la Bibliothèque nationale, travail que je n’ai pas encore terminé, et où je me proposais d’exposer les origines de la Révolution et d’autres mouvements en Europe. Ceux qui voudraient se livrer à cette étude — de la plus haute importance — feraient bien de con-