Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/309

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tion et bientôt les attroupements devinrent de plus en plus menaçants. Aujourd’hui, c’est l’archevêque de Paris qui est assailli dans un carrefour ; demain, c’est un duc ou un comte qui a failli être jeté à l’eau ; un autre jour, la foule s’est amusée à huer sur leur passage les membres du gouvernement, etc. ; les faits de révolte varient à l’infini, en attendant le jour où il suffira d’une étincelle pour que l’attroupement se transforme en émeute, et l’émeute en révolution.

— « C’est la lie du peuple, ce sont les scélérats, les fainéants qui se sont ameutés », — disent aujourd’hui nos historiens prudhommesques. — Eh bien, oui, en effet, ce n’est pas parmi la gent aisée que les révolutionnaires bourgeois cherchaient des alliés. Puisque celle-ci se bornait à récriminer dans les salons, c’est bien dans les caboulots mal famés de la banlieue qu’ils allaient chercher des camarades armés de gourdins, lorsqu’il s’agissait de huer Monseigneur l’archevêque de Paris, — n’en déplaise aux Prud’hommes qui nient ces faits aujourd’hui.


IV


Si l’action s’était bornée à attaquer les hommes et les institutions du gouvernement, sans toucher aux institutions économiques, la grande Révolution eût-elle jamais été ce qu’elle fût en réalité, c’est-à-dire un