Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’un parlementarisme allemand pour demander : « À quoi a servi la Grande Révolution ou celle de la Commune ? » Si la France est l’avant-garde de la Révolution, si le peuple français est révolutionnaire d’esprit et de tempérament, c’est précisément parce qu’il a fait tant de ces révolutions désavouées par les doctrinaires et les nigauds.

Mais, ce qu’il nous importe de déterminer, c’est le but que nous nous proposons d’atteindre. Et non seulement le déterminer, mais le signaler, par la parole et par les actes, de manière à le rendre éminemment populaire, si populaire que le jour du mouvement il s’échappe de toutes les bouches. Tâche beaucoup plus immense et plus nécessaire qu’on ne se l’imagine généralement ; car si ce but est tout vivant devant les yeux du petit nombre, ce n’est nullement le cas pour la grande masse, travaillée dans tous les sens par la presse bourgeoise, libérale, communaliste, collectiviste, etc.

De ce but dépendra notre mode d’action, présent et futur. La différence entre le communiste-anarchiste, le collectiviste-autoritaire, le jacobin et le communaliste-autonomiste, n’est pas tout entière dans leurs conceptions d’un idéal plus ou moins éloigné. Elle se fait sentir non seulement le jour de la révolution, elle apparaît aujourd’hui même, sur chaque chose, dans chaque appréciation, si minimes soient-elles. Le jour de la révolution, le collectiviste-étatiste courra s’installer à l’Hôtel-de-Ville de Paris, d’où il lancera ses décrets sur le régime de la propriété ; il cherchera à se constituer un gouvernement formidable, fourrant son nez partout, jusqu’à statistiquer et décréter le nombre de poules élevées à Fouilly-