Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/93

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d’imposer ses marchandises, ses chemins de fer à l’Italie, à l’Autriche et à la Russie.

Mais ceux-ci s’émancipent à leur tour de la tutelle économique de leurs voisins. Eux aussi entrent peu à peu dans l’orbite des pays « industriels » ; et ces jeunes bourgeoisies ne demandent pas mieux que de s’enrichir à leur tour par l’exportation. En peu d’années la Russie, l’Italie ont fait un bond prodigieux dans l’extension de leurs industries, et comme le paysan, réduit à la plus noire des misères, ne peut rien acheter, c’est aussi pour l’exportation que les fabricants russes, italiens et autrichiens essayent de produire. Il leur faut donc des marchés, et ceux de l’Europe étant déjà occupés, c’est sur l’Asie, sur l’Afrique, qu’ils sont forcés de se rabattre, condamnés nécessairement à en venir un jour aux mains, faute de pouvoir s’entendre sur le partage des gros lots.




Quelles alliances pourraient tenir dans cette situation, créée par le caractère même que donnent à l’industrie ceux qui la dirigent ? L’alliance de l’Allemagne et de la Russie est de pure convenance ; Alexandre et Guillaume peuvent s’embrasser tant qu’ils voudront : mais la bourgeoisie naissante en Russie déteste cordialement la bourgeoisie allemande, et celle-ci la paie de la même monnaie. On se souvient du tolle général soulevé dans la presse allemande lorsque le gouvernement russe augmenta d’un tiers ses droits d’entrée. — « La guerre contre la Russie — disent les bourgeois allemands et les ouvriers qui