Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

produit dans le même sens, et à part quelques parties de la France, placées dans des conditions spéciales, le paysan marche déjà, sous maint rapport, vers la mise en commun des instruments de travail. C’est pourquoi, chaque fois que nous exposons aux grandes masses nos idées, chaque fois que nous leur parlons en langage simple, compréhensible, appuyé par des exemples pratiques, de la révolution telle que nous l’entendons, nous sommes toujours accueillis par leurs applaudissements dans les grands centres industriels, aussi bien que dans les villages.

Et pourrait-il en être autrement ? — Si l’anarchie et le communisme eussent été le produit de spéculations philosophiques, faites dans l’ombre des cabinets, par des savants, certes, ces deux principes ne trouveraient point d’écho. Mais ces deux idées sont nées des entrailles mêmes du peuple. Elles sont l’énoncé de ce que pensent et disent l’ouvrier et le paysan, lorsque, sortis un jour ou l’autre de la routine quotidienne, ils se mettent à rêver un meilleur avenir. Elles sont l’énoncé de l’évolution lente qui s’est produite dans les esprits dans le courant de ce siècle. Elles sont la conception populaire de la transformation qui doit s’opérer bientôt pour apporter la justice, la solidarité, la fraternité dans nos villes et nos campagnes. Nées du peuple, elles sont acclamées par le peuple chaque fois qu’elles lui sont exposées d’une manière compréhensible.

Là est en effet leur vraie force, et non pas dans le nombre des adhérents actifs, groupes et organisés, qui sont assez courageux pour courir les dangers de la lutte, pour braver les conséquences auxquelles on s’expose lorsqu’on travaille pour la révolution popu-