Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/108

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dès ce temps l’homme vivait par troupes. Les ustensiles en pierre sont trouvés très rarement isolés, alors même qu’ils datent de cette époque si reculée, de l’âge de pierre ou d’une époque que l’on croit plus lointaine encore ; au contraire, partout où l’on découvre un outil de silex on est sûr d’en trouver d’autres, et le plus souvent en très grande quantité. A l’époque où les hommes demeuraient dans des cavernes ou sous des abris de rochers, en compagnie de mammifères aujourd’hui disparus, réussissant à peine à fabriquer des haches de silex de l’espèce la plus grossière, ils connaissaient déjà les avantages de la vie en sociétés. Dans les vallées des affluents de la Dordogne, la surface des rochers est en certains endroits entièrement couverte de cavernes qui furent habitées par les hommes paléolithiques[1]. Quelquefois ces cavernes jadis habitées sont superposées par étages, et elles rappellent certainement beaucoup plus les colonies de nids d’hirondelles que les tanières des carnivores. Quant aux instruments en silex découverts dans ces cavernes, pour me servir des paroles de Lubbock, « on peut dire sans exagération qu’ils sont innombrables ». La même chose est vraie pour les autres stations paléolithiques. Il semble aussi, d’après les investigations de Lartet, que chez les habitants paléolithiques de la région d’Aurignac, dans le Sud de la France, la tribu entière prenait part à des repas à l’enterrement des morts. Ainsi les hommes vivaient en sociétés et avaient des commencements de culte par tribu, même à cette époque si reculée.

Le fait est encore mieux prouvé pour la deuxième partie, plus récente, de l’âge de pierre. Les traces de l’homme néolithique ont été trouvées en quantités

  1. Lubbock, Prehistoric Times, 6e édition, 1890.