Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/110

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qui s’y réunissaient, ont été découverts par les archéologues.

Les traces d’une période plus avancée, déjà caractérisée par l’usage de quelques poteries, se retrouvent dans les amas de coquilles du Danemark. Ces amas se montrent, comme on sait, sous la forme de tas de deux à trois mètres d’épaisseur, de trente à cinquante mètres de largeur et de trois cents mètres ou plus de longueur, et ils sont si communs le long de certaines parties de la côte que pendant longtemps ils ont été considérés comme des produits naturels. Cependant ils ne « contiennent rien qui n’ait d’une façon ou d’une autre servi à l’homme », et ils sont si remplis de produits de l’industrie humaine que pendant un séjour de deux jours à Milgaard, Lubbock ne déterra pas moins de 191 pièces d’outils de pierre et quatre fragments de poterie.[1] L’épaisseur et l’étendue de ces amas de coquilles prouvent que pendant des générations et des générations les côtes du Danemark furent habitées par des centaines de petites tribus vivant ensemble aussi pacifiquement que vivent de nos jours les tribus fuégiennes qui accumulent aussi de ces tas de coquilles[2].

Quant aux habitations lacustres de Suisse, qui représentent une étape plus avancée de la civilisation, elles présentent encore plus de preuves de la vie et du travail en sociétés. On sait que même au temps de l’âge de pierre les rivages des lacs suisses étaient parsemés de villages ; chacun de ceux-ci était formé de plusieurs huttes bâties sur une plate-forme, laquelle

  1. Prehistoric Times, pp. 232 et 242.
  2. Les rebuts de cuisine accumulés devant une habitation néolithique dans une fente de rocher à Hastings, et explorés par M. Lewis Abbott, appartiennent à la même catégorie. Ils ont encore cela de remarquable que l’on n’y trouve aucun silex qui puisse être considéré comme une arme de guerre.