Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/121

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toires de pêche et de chasse de chaque clan sont possédés en commun, et le produit de la chasse et de la pêche appartient à tout le clan, ainsi que les instruments de chasse et de pêche[1]. Les repas sont aussi pris en commun. Comme beaucoup d’autres sauvages, ils observent certaines règles relatives aux saisons où certaines gommes et certaines plantes peuvent être recueillies[2]. Quant à leur moralité, nous ne pouvons mieux faire que de résumer les réponses suivantes, faites aux questions de la Société anthropologique de Paris par Lumholtz, missionnaire qui séjourna dans le Nord du Queensland[3].


Les sentiments d’amitié existent chez eux à un haut degré. Ils subviennent d’ordinaire aux besoins des faibles ; les malades sont soignés attentivement et ne sont jamais abandonnés ni tués. Ces peuplades sont cannibales, mais elles ne mangent que très rarement des membres de leur propre tribu [ceux qui sont immolés par principes religieux, je suppose] ; ils mangent seulement les étrangers. Les parents aiment leurs enfants, jouent avec eux et les caressent. L’infanticide est communément approuvé. Les vieillards sont très bien traités, ils ne sont jamais mis à mort. Pas de religion, pas d’idoles, seulement la crainte de la mort. Le mariage est polygame, les querelles qui s’élèvent à l’intérieur de la tribu sont tranchées par des duels à l’aide d’épées et de boucliers en bois. Pas d’esclaves ; pas de culture d’aucune sorte ; pas de poteries, pas de vêtements, excepté quelquefois un tablier porté par les femmes. Le clan se compose de deux cents individus, divisés en quatre classes d’hommes et quatre classes de femmes ;

  1. The Folklore, Manners, etc., of Australian Aborigines, Adelaïde, 1879, p. 11.
  2. Grey, Journal of Two Expeditions of Discovery in North West and Western Australia, London, 1841, vol. II, pp. 237, 298.
  3. Bulletin de la Société d’Anthropologie, 1888, vol. XI, p. 652. J’abrège les réponses.