Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’autres peuples ou dans d’autres circonstances qui ne sont pas encore bien déterminées, les familles n’atteignaient pas les mêmes proportions ; les petits-fils et parfois même les fils quittaient la maison dès qu’ils étaient mariés, et chacun d’eux créait une nouvelle famille. Mais, indivises ou non, groupées ou éparpillées dans les bois, les familles demeuraient unies en communes villageoises ; plusieurs villages se groupaient en tribus, et les tribus s’unissaient en confédérations. Telle fut l’organisation sociale qui se développa parmi les prétendus « barbares », quand ils commencèrent à s’établir d’une façon plus ou moins stable en Europe.


Il fallut une très longue évolution avant que les gentes ou clans reconnussent l’existence distincte de la famille patriarcale dans une hutte séparée ; mais même après que cela eût été reconnu, le clan fut lent à admettre l’héritage personnel des biens. Les quelques objets qui avaient appartenu personnellement à l’individu étaient détruits sur sa tombe, ou enterrés avec lui. La commune villageoise, au contraire, reconnaissait pleinement l’accumulation privée de la richesse dans la famille et sa transmission héréditaire. Mais la richesse était conçue exclusivement sous la forme de biens meubles, comprenant les bestiaux, les outils, les armes et la maison d’habitation, laquelle — « comme toutes choses qui peuvent être détruites par