Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/175

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Après cela, les chasseurs se divisent en bandes de vingt et chaque bande s’en va chasser suivant un plan bien établi. Dans ces abas toute la nation bouriate revit les traditions épiques d’une époque où une puissante ligue réunissait tous ses membres. Ajoutons que de semblables chasses communales sont tout à fait habituelles chez les Peaux-Rouges et les Chinois sur les bords de l’Oussouri (kada)[1].

Les Kabyles, dont les mœurs ont été si bien décrites par deux explorateurs français[2], nous montrent des « barbares » déjà plus avancés quant à l’agriculture. Leurs champs, irrigués et fumés, sont cultivés avec soin, et dans les terrains montagneux toute pièce de terre utilisable est cultivée à la bêche. Les Kabyles ont connu bien des vicissitudes dans leur histoire ; ils ont adopté pendant un certain temps la loi musulmane pour les héritages, mais ils s’y accoutumèrent mal et ils sont revenus, il y a cent cinquante ans, à l’ancienne loi coutumière des tribus. Ainsi la possession de la terre a-t-elle chez eux un caractère mixte, et la propriété privée foncière existe à côté de la possession communale. Actuellement la base de leur organisation est la communauté villageoise, le thaddart qui est formé généralement par plusieurs familles composées (kharoubas), revendiquant une commune origine, et aussi par de petites familles d’étrangers. Plusieurs villages se groupent en clans ou tribus (ârch) ; plusieurs tribus forment la confédération (thak’ebilt) ; et plusieurs confédérations peuvent parfois constituer une ligue, surtout quand il s’agit de s’armer pour la défense.

Les Kabyles ne reconnaissent aucune autre autorité

  1. Nazaroff, Le territoire du Nord de l’Oussouri (en russe), Saint-Pétersbourg, 1887, p. 65.
  2. Hanoteau et Letourneux, la Kabylie, 3 vol., Paris, 1883.