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appartenant à différentes communes, avaient l’habitude de se réunir chaque année pour discuter des questions relatives à leur métier : années d’apprentissage, années de voyage, salaires, etc. ; et en 1572, les villes hanséatiques reconnurent formellement le droit aux artisans de se réunir en Congrès périodiques, et de prendre toutes résolutions qu’il leur plairait, tant qu’elles ne seraient point contraires aux rôles des cités, touchant la qualité des marchandises. On sait que de semblables Congrès du Travail, en partie internationaux comme la Hanse elle-même, furent tenus par des boulangers, des fondeurs, des forgerons, des tanneurs, des armuriers et des tonneliers[1].

L’organisation des corps de métiers exigeait une surveillance étroite des artisans par la guilde, et des jurés spéciaux étaient toujours nommés dans ce but. Mais il est à remarquer que, tant que les cités jouirent de leur vie libre, il ne s’éleva pas de plainte touchant cette surveillance ; tandis qu’après que l’État fût intervenu, confisquant les propriétés des guildes et détruisant leur indépendance en faveur de sa propre bureaucratie, les plaintes devinrent innombrables[2]. D’autre part les immenses progrès réalisés dans tous les arts sous le régime des guildes du moyen âge sont la meilleure preuve que ce système n’était pas un obstacle à l’initiative individuelle[3]. Le fait est que la

  1. W. Stieda « Hansische Vereinbarungen uber stadtisches Gewerbe im XIV. und XV. Jahrhundert » dans Hansische Geschichtsblätter, année 1886, p. 121. Schönberg, Wirthschaftliche Bedeutung der Zünfte) ainsi que Roscher, passim.
  2. Voir les remarques profondes de Toulmin Smith sur la spoliation des guildes par le roi, dans l’introduction de Miss Smith à English Guilds ; En France la même spoliation et l’abolition de la juridiction des guildes par le pouvoir royal furent commencées en 1306 et le coup final fut frappé en 1382 (Fagniez, loc. cit., pp. 52-54).
  3. Adam Smith et ses contemporains savaient bien ce qu’ils con-