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Grande Enquête fut commencée, comme on sait, sous Henri VIII dans le but d’empêcher l’accaparement des terres communales ; mais elle se termina par la sanction de ce qui avait été fait[1]. Les terres communales continuèrent d’être pillées, et les paysans furent chassés de la terre. Mais c’est surtout à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle que, en Angleterre comme partout ailleurs, on s’appliqua systématiquement à détruire jusqu’aux vestiges de la propriété communale. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que les propriétés communales aient disparu, mais il est surprenant, au contraire, que certaines aient pu être conservées, même en Angleterre, jusqu’à être « très répandues encore à l’époque des grands-pères de la génération actuelle[2] ». Le but même des « Actes de Clôture » (Enclosure Acts), comme l’a montré M. Seebohm, était de supprimer ce système[3], et il fut si bien supprimé par près de quatre mille actes promulgués entre 1760 et 1844 que de faibles traces seulement en sont conservées aujourd’hui. Les terres des communes villageoises furent saisies par les seigneurs, et dans chaque cas particulier

  1. Nasse, Ueber die mittelalterliche Feldgemeinschaft und die Einhegungen des XVI. Jahrhunderts in England (Bonn, 1869), p.4, 5 ; Vinogradov, Villainage in England (Oxford, 1892).
  2. Frédéric Seebohm, The English Village community, 3e édition, 1884, pp. 13-15.
  3. L’examen détaillé de chaque acte de clôture montrera clairement que le système que nous venons de décrire [propriété communale] est le système que l’acte de clôture avait pour but de détruire » (Seebohm, loc. cit., p. 13). Et plus loin. « Ils étaient généralement rédigés dans les mêmes termes, commençant par exposer que les champs et les propriétés communales étaient dispersés en petits lopins, mêlés les uns avec les autres et situés d’une façon incommode ; que différentes personnes en possédaient des parties et y avaient des droits en commun... et qu’il est à désirer qu’ils soient partagés et enclos, une part distincte étant allouée à chaque propriétaire. » p. 14. La liste de Porter contenait 3.867 actes semblables, dont le plus grand nombre date des années 1770-1780 et 1800-1820 — comme en France.