Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/300

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rues à bon marché sous forme de petite industrie villageoise. Dans le district de Moscou, où, en cinq ans, 560 charrues furent achetées par les paysans, l’impulsion vint des communes qui louaient des terres, précisément dans le but d’introduire une culture perfectionnée.

Dans le Nord-Est (Viatka) les petites associations de paysans qui circulent avec leurs machines pour le vannage (fabriquées par la petite industrie dans les villages d’un district métallurgique) ont répandu l’usage de ces machines dans les districts voisins. Le très grand nombre de machines à battre, que l’on trouve dans les provinces de Samara, Saratov et Kherson, est dû aux associations paysannes, qui sont en état d’acheter une machine coûteuse, alors que le paysan isolé ne le pourrait pas. Et tandis que nous lisons dans presque tous les traités économiques que la commune villageoise fut condamnée à disparaître lorsque l’assolement triennal dut être remplacé par le roulement quinquennal des cultures, nous voyons en Russie, que beaucoup de communes villageoises prennent elles-mêmes l’initiative pour introduire le roulement perfectionné des récoltes. Avant de l’accepter les paysans réservent généralement une partie des champs communaux pour expérimenter les prairies artificielles, et la commune achète les graines[1]. Si l’expérience réussit, la commune surmonte toutes les difficultés qui l’empêcheraient de repartager les champs, de façon à pouvoir appliquer le système des cinq ou six assolements.

Ce système est maintenant en usage dans des centaines de villages dans les gouvernements de Moscou,

  1. Dans le gouvernement de Moscou, l’expérience était généralement faite sur le champ qui était réservé pour la culture communale mentionnée ci-dessus.