Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/154

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entre eux pour publier leurs travaux en apportant leur part de travail manuel ?

En ce moment même on compte déjà par milliers et milliers les sociétés savantes, littéraires et autres. Ces sociétés sont cependant bien des groupements volontaires, entre gens s’intéressant à telle branche du savoir, associés pour publier leurs travaux. Les auteurs qui collaborent aux recueils scientifiques ne sont pas payés. Les recueils ne se vendent pas : ils s’envoient gratuitement, dans tous les coins du globe, à d’autres sociétés, qui cultivent les mêmes branches du savoir. Certains membres de la société y insèrent une note d’une page résumant telle observation ; d’autres y publient des travaux étendus, fruits de longues années d’étude ; tandis que d’autres se bornent à les consulter comme points de départ de nouvelles recherches. Ce sont bien des associations entre auteurs et lecteurs pour la production de travaux auxquels tous prennent intérêt.

Il est vrai que la société savante — tout comme le journal d’un banquier — s’adresse à l’éditeur qui embauche des ouvriers pour faire le travail de l’impression. Des gens exerçant des professions libérales méprisent le travail manuel qui, en effet, s’accomplit aujourd’hui dans des conditions absolument abrutissantes. Mais une société dispensant à chacun de ses membres l’instruction large, philosophique et scientifique, saura organiser le travail corporel de manière à en faire l’orgueil de l’humanité ; et la société savante deviendra une association de chercheurs, d’amateurs et d’ouvriers, tous connaissant un métier domestique et tous s’intéressant à la science.

Si c’est, par exemple, la géologie qui les occupe