Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/49

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nécessairement la jouissance en commun des fruits du labeur commun.


Nous maintenons, en outre, que le communisme est non seulement désirable, mais que les sociétés actuelles, fondées sur l’individualisme, sont même forcées continuellement de marcher vers le communisme.

Le développement de l’individualisme pendant les trois derniers siècles s’explique surtout par les efforts de l’homme voulant se prémunir contre les pouvoirs du capital et de l’État. Il a cru un moment et ceux qui formulaient pour lui sa pensée ont prêché qu’il pouvait s’affranchir entièrement de l’État et de la société. « Moyennant l’argent, disait-il, je peux acheter tout ce dont j’aurai besoin. » Mais l’individu a fait fausse route, et l’histoire moderne le ramène à reconnaître que sans le concours de tous, il ne peut rien, même avec ses coffres-forts remplis d’or.

En effet, à côté de ce courant individualiste, nous voyons dans toute l’histoire moderne la tendance d’une part, à retenir ce qui reste du communisme partiel de l’antiquité, et d’autre part, à rétablir le principe communiste dans mille et mille manifestations de la vie.

Dès que les communes des dixième, onzième et douzième siècles eurent réussi à s’émanciper du seigneur laïque ou religieux, elles donnèrent immédiatement une grande extension au travail en commun, à la consommation en commun.

La cité — non pas les particuliers, — affrétait des navires et expédiait ses caravanes pour le commerce lointain dont le bénéfice revenait à tous, non aux individus ; elle achetait aussi les provisions pour ses