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« des demandes sur des forêts et autres droits, directement opposés à une possession légitimement acquise. C’est un moment où chacun se croit en mesure de se procurer la restitution des droits prétendus », dit le Magistrat dans la lettre du 5 août.

Là-dessus, le 11 août, arrive à Strasbourg la nouvelle de la nuit du 4 août, à l’Assemblée, et l’émeute devient encore plus menaçante, d’autant plus que l’armée fait cause commune avec les révoltés. Alors l’ancien Magistrat se résout à déposer ses pouvoirs (Reuss, L’Alsace, p. 147). Le lendemain, le 12 août, les trois cents échevins déposaient à leur tour leurs « charges », ou plutôt leurs privilèges.

Et les nouveaux échevins nommaient à leur tour les juges. Ainsi se constituait, le 14 août, un nouveau Magistrat, un Sénat intérimaire, qui devait diriger les affaires de la cité, jusqu’à ce que l’Assemblée de Versailles eût établi une nouvelle constitution municipale. Sans attendre cette constitution, Strasbourg s’était ainsi donné une Commune et des juges à sa guise.

L’ancien régime s’écroulait ainsi à Strasbourg, et le 17 août, M. Dietrich félicitait les nouveaux échevins en ces termes :

« Messieurs, la révolution qui vient de s’opérer dans notre ville sera l’époque du retour de la confiance qui doit unir les citoyens d’une même commune… Cette auguste assemblée vient de recevoir le vœu libre de leurs concitoyens pour être leurs représentants… Le premier usage que vous avez fait de vos pouvoirs a été de nommer vos juges… Quelle force va naître de cette union ! » Et Dietrich proposait d’établir que chaque année le