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vaient battre l’étang pendant la nuit, pour empêcher les grenouilles de troubler le sommeil du seigneur) ; 2o les redevances en argent et les prestations de toute sorte, en nature ou en travail, qui étaient dues pour une concession réelle ou présumée du sol : c’était la mainmorte et la corvée réelle[1], le cens, le champart, la rente foncière, les lots et ventes ; 3o divers paiements qui résultaient des monopoles des seigneurs ; c’est-à-dire que ceux-ci prélevaient certaines douanes, certains octrois ou certains droits sur ceux qui se servaient des halles ou des mesures du seigneur, du moulin, du pressoir, du four banal, etc. ; 4o les droits de justice, prélevés par le seigneur, là où la justice lui appartenait, les taxes, les amendes, etc. ; et enfin, 5o le seigneur possédait le droit exclusif de chasse sur ses terres et sur celles des paysans voisins, ainsi que le droit de tenir des colombiers et des garennes qui constituaient un privilège honorifique, très recherché.

Tous ces droits étaient vexatoires au plus haut degré : ils coûtaient beaucoup au paysan, alors même qu’ils ne rapportaient que peu ou rien au seigneur. Et il est un fait sur lequel Boncerf insiste dans son ouvrage remarquable, Les inconvénients des droits féodaux (p. 52), c’est que depuis 1776 les seigneurs, tous appauvris, et surtout leurs intendants, s’étaient mis à pressurer les fermiers, les tenanciers et les paysans en général, pour en obtenir le plus possible. En 1786, il y eut même un renouvellement assez général des terriers, afin d’augmenter les redevances féodales.

  1. « Réelle », opposé à « personnel » veut dire ici une obligation attachée aux choses, c’est-à-dire à la possession de la terre.