Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/324

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à ce moment, comme presque tous les Jacobins, les fureurs du peuple, ses tentatives de « nivellement des fortunes » ( « d’expropriation », dirions-nous aujourd’hui). Il craignait de voir sombrer la révolution dans des tentatives communistes. Toujours est-il qu’à la veille même du 10 août, à un moment où toute la Révolution, inachevée, arrêtée dans son élan et assaillie par mille conspirations, était remise en question, et que rien ne pouvait la sauver, sauf le renversement de la royauté par un soulèvement populaire, — Robespierre, comme tous les Jacobins, préférait maintenir le roi et sa cour, plutôt que de risquer un nouvel appel à la fougue révolutionnaire du peuple. Tout comme les républicains italiens et espagnols de nos jours, qui préfèrent un retour à la monarchie aux risques d’une révolution populaire, parce que celle-ci, nécessairement, s’inspirerait de tendances communistes.

Toujours l’histoire se répète, — et que de fois ne se répétera-t-elle pas encore, lorsque la Russie, l’Allemagne, l’Autriche vont commencer leur grande révolution !


Le plus frappant dans l’état d’esprit des politiciens de l’époque, c’est que précisément à ce moment, juillet 1792, la Révolution se trouvait menacée d’un formidable coup d’État royaliste, préparé de longue date, qui devait être soutenu par de vastes insurrections dans le Midi et l’Ouest, en même temps que par l’invasion allemande, anglaise, sarde et espagnols.

Ainsi, en juin 1792, dès que le roi eut renvoyé les trois ministres girondins (Roland, Clavière et Servan),