Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/365

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l’Assemblée, tout en laissant ses fidèles défendre le château et massacrer les assaillants. Mais, le roi parti, des bataillons entiers de la garde nationale bourgeoise des quartiers riches se dispersèrent, sans perdre de temps, pour ne pas se trouver en face du peuple révolté.

Les masses compactes du peuple envahirent alors les abords des Tuileries, et leur avant-garde, encouragés par les Suisses qui jetaient leurs cartouches par les fenêtres, avait pénétré dans une des cours du palais. Mais alors que d’autres Suisses, commandés par des officiers de la Cour et postés sur le grand escalier d’entrée, firent feu sur le peuple, entassant plus de quatre cents cadavres au bas de l’escalier.

Cela décida de l’issue de la journée. Aux cris de : Trahison ! Mort au roi ! Mort à l’Autrichienne ! le peuple de Paris courut de tous côtés aux Tuileries ; les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau s’y rendirent en masse, et bientôt les Suisses, furieusement assaillis par le peuple, furent désarmés ou massacrés.

Faut-il rappeler que même à ce moment suprême l’Assemblée resta indécise, ne sachant que faire ? Elle n’agit que lorsque le peuple armé fit irruption dans la salle des séances, menaçant de massacrer là le roi et sa famille, ainsi que les députés qui n’osaient pas prononcer la déchéance. Même après que les Tuileries étaient prises et lorsque la royauté n’existait déjà plus de fait, les Girondins qui, auparavant, aimaient tant à parler de République, n’osèrent encore rien entreprendre de décisif. Vergniaud n’osa demander que la suspension provisoire du chef du pouvoir exécutif, qui serait désormais installé au Luxembourg.