Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/366

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Ce ne fut que deux ou trois jours après que la Commune révolutionnaire transféra Louis XVI et sa famille dans la tour du Temple, et se chargea de le tenir là, prisonnier du peuple.

La royauté était ainsi abolie de fait. Désormais la Révolution pouvait pendant quelque temps se développer, sans craindre d’être arrêtée soudain dans sa marche par un coup d’État royaliste, par le massacre des révolutionnaires et par l’établissement de la terreur blanche.


Pour les politiciens, l’intérêt principal du 10 août est dans le coup qu’il porta à la royauté. Pour le peuple, il fut surtout dans l’abolition de cette force qui s’opposait à l’exécution des décrets contre les droits féodaux, contre les émigrés et contre les prêtres, et qui appelait en même temps l’invasion allemande ; il fut dans le triomphe des révolutionnaires populaires, — du peuple, — qui maintenant pouvait pousser la Révolution en avant, dans le sens de l’Égalité, — ce rêve et ce but des masses. Aussi, au lendemain même du 10 août, l’Assemblée législative, si pusillanime et si réactionnaire, lançait déjà, sous la pression du dehors, quelques décrets qui faisaient faire un pas en avant à la Révolution.

Tout prêtre non assermenté — disaient ces décrets, qui, dans un délai de quinze jours, n’aura pas juré d’obéir à la Constitution, et sera pris après cela sur le territoire français, sera transporté à Cayenne.

Tous les biens des émigrés, en France et dans les colonies, sont séquestrés. Tous seront mis en vente, par petits lots.

Toute distinction entre citoyens passifs (les pauvres)