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que Danton restait jusqu’au 14 janvier à l’armée de Dumouriez[1].

Enfin, le 14, après une discussion extrêmement tumultueuse, la Convention décida de voter, par appel nominal, sur trois questions : celles de savoir si Louis XVI était coupable de « conspiration contre la liberté de la nation et d’attentat contre la sûreté générale de l’État », si le jugement serait soumis à la sanction du peuple, et quelle serait la peine.

L’appel nominal commença le lendemain, le 15. Sur 749 membres de la Convention, 716 déclarèrent Louis XVI coupable (12 membres étaient absents par maladie ou en mission, et 5 s’abstinrent de voter). Personne ne dit non. L’appel au peuple fut rejeté par 423 voix sur 709 votants. Paris, pendant ce temps-là, surtout les faubourgs, était dans un état de profonde excitation.

L’appel nominal sur la troisième question — la peine — dura vingt-cinq heures de suite. Ici encore, apparemment sous l’inspiration de l’ambassadeur d’Espagne et peut-être avec l’aide de ses piastres, un député, Mailhe, chercha à brouiller les choses en votant un sursis à l’exécution, et son exemple fut suivi par 26 membres. Pour la peine de mort sans condition se prononcèrent 387 voix

  1. Jaurès a relevé ici une erreur importante de Michelet. C’est Daunou qui a prononcé, le 14 janvier, le discours en faveur du roi, que Michelet a attribué par erreur à Danton. Revenu à Paris le 15 janvier, Danton prononça au contraire un discours puissant pour demander la condamnation de Louis XVI. — Il serait important de vérifier les accusations contre Brissot, Gensonné, Guadet, et Pétion, formulées par Billaud-Varennes dans son discours du 15 juillet 1793 (Brochure de 32 pages, publiée par ordre de la Convention, collection du British Museum, F, 1097).