Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/517

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Autant le peuple aimait Marat, autant les bourgeois de la Convention le détestaient. C’est pourquoi les Girondins, qui voulaient entamer la Montagne, décidèrent de commencer par lui : il serait moins défendu que les autres.

Dès que Paris apprit le décret d’arrestation lancé contre Marat, l’agitation fut immense. L’insurrection allait éclater le 14 avril si les Montagnards, y compris Robespierre et Marat lui-même, n’avaient prêché le calme. Marat, qui ne s’était pas laissé arrêté de suite, comparut le 24 avril devant le tribunal et fut acquitté haut la main par les jurés. Il fut porté alors en triomphe à la Convention, et de là dans les rues, sur les épaules des sans-culottes.

Ainsi le coup des Girondins était manqué, et ils comprirent ce jour-là qu’ils ne s’en relèveraient pas. Ce fut pour eux « un jour de deuil », comme le dit un de leurs journaux. Brissot se mit à écrire son dernier pamphlet, À ses commettants, où il fit de son mieux pour réveiller les passions de la bourgeoise aisée et commerçante contre les « anarchistes ».


Dans ces conditions, la Convention, dont les séances devenaient des assauts furieux entre les deux partis, perdait la considération du peuple ; et la Commune de Paris prenait naturellement l’ascendant pour l’initiative des mesures révolutionnaires.

À mesure que l’hiver de 1793 s’était avancé, la di-