Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/518

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sette avait pris dans les grandes villes des proportions lugubres. Les municipalités trouvaient toutes les difficultés du monde à se procurer le pain, ne fût-ce qu’une livre, qu’un quart de livre, quatre onces par jour, pour chaque habitant. Pour y arriver, les municipalités, et surtout celle de Paris, s’endettaient dans des proportions épouvantables.

Alors, la Commune de Paris ordonna de lever sur les riches un impôt progressif de douze millions de livres, pour les frais de la guerre. Un revenu de quinze cents livres pour chaque chef de famille, et de mille livres pour chaque autre membre de la famille était considéré comme « le nécessaire », et, par conséquent, libéré de l’impôt. Tout ce qui était au-dessus de ce revenu, était traité comme « superflu » et payait un impôt progressif : de trente livres pour un superflu de deux mille livres ; de cinquante livres pour un superflu de deux mille à trois mille livres ; et ainsi de suite, jusqu’à prendre vingt mille livres sur un superflu de cinquante mille livres.

Par le temps de guerre que la France soutenait, au milieu d’une Révolution et d’une famine, c’était encore très modeste. Il n’y avait que les grandes fortunes qui s’en ressentaient, tandis qu’une famille de six personnes, si elle avait dix mille livres de revenu, s’acquittait avec moins de cent livres de cet impôt extraordinaire. Mais les riches jetèrent des hauts cris, tandis que le promoteur de cet impôt, Chaumette, auquel les Girondins en voulaient surtout après Marat, disait très justement : — « Rien ne me fera changer de principe ; et le cou sous le couteau, je crierai encore : Le pauvre