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royalistes. Plutôt la royauté qu’un seul pas vers la République sociale. Plutôt inonder Paris de sang, plutôt raser la ville maudite, que de laisser le peuple de Paris et sa Commune prendre l’initiative d’un mouvement qui menaçait les propriétés bourgeoises. Thiers et l’Assemblée de Bordeaux ont eu, on le voit, des ancêtres en 1793.

Le 19 mai, les Girondins, sur la proposition de Barère, faisaient décréter la formation d’une Commission des Douze, pour examiner les arrêtés pris par la Commune, et cette Commission, nommée le 21, était devenue le principal rouage du gouvernement. Deux jours plus tard, le 23, elle faisait arrêter Hébert, le substitut du procureur de la Commune, aimé du peuple pour le franc républicanisme de son Père Duchesne, et Varlet, le favori des pauvres de Paris, un « anarchiste », dirions-nous aujourd’hui, pour lequel la Convention n’était qu’une « boutique de lois » et qui prêchait dans les rues la révolution sociale. Mais les arrestations ne devaient pas s’arrêter là. La Commission des Douze se proposait aussi de poursuivre les sections ; elle exigeait que les registres des sections lui fussent livrés, et elle faisait arrêter le président et le secrétaire de la section de la Cité qui avaient refusé de livrer leurs registres.

De son côté, le Girondin Isnard qui présidait la Convention pendant ces journées, — un autoritaire dans lequel apparaissait déjà Thiers, — ajouta encore à l’agitation par ses menaces. Il menaça les Parisiens. S’ils portaient atteinte à la représentation nationale, Paris serait, disait-il, anéanti. « Bientôt on chercherait sur les rives de la Seine si Paris a existé. » Ces sottes menaces qui ne