Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/627

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trême démocratie[1], qui travailleront à établir « l’égalité de fait », comme on disait alors, « l’égalisation des fortunes ». Ils cherchent à développer les germes de communisme municipal que la loi du maximum avait reconnus ; ils poussent à la nationalisation du commerce des principales denrées, dans laquelle ils voient le moyen de combattre l’accaparement et la spéculation. Ils essaient, enfin, d’arrêter la formation des grandes fortunes, et de briser, d’éparpiller celles qui se sont déjà constituées.

Mais, arrivée au pouvoir et profitant de la force qui s’était constituée entre les mains des deux Comités, de salut public et de sûreté générale, dont l’autorité grandissait avec les dangers de la guerre, la bourgeoisie révolutionnaire écrasa ceux qu’elle appela les « Enragés », ou « les anarchistes », — pour succomber à son tour en thermidor, sous l’attaque de la bourgeoisie contre-révolutionnaire[2]. Alors l’élan révolutionnaire

  1. La fonction municipale était « le dernier terme de la Révolution », a très bien dit Mignet (Histoire de la Révolution française, 19ème édition, II, 31). « Opposée de but au Comité de salut public, elle voulait, au lieu de la dictature conventionnelle, la plus extrême démocratie locale, et au lieu de culte, la consécration de la plus grossière incrédulité. L’anarchie politique et l’athéisme religieux, tels étaient les symboles de ce parti et les moyens par lesquels il comptait établir sa propre domination. » Il faut cependant remarquer qu’une partie seulement des « anarchistes » suivit Hébert dans sa campagne anti-religieuse, et que beaucoup l’abandonnèrent en voyant l’état des esprits dans les campagnes.
  2. Sous ce nom, « la Commune et les anarchistes », Mignet comprenait les hommes de la Commune, comme Chaumette et le maire Pache, les communistes, comme Jacques Roux, Chalier, Varlet, etc., et les Hébertistes, proprement dits. Ainsi il écrivait : « Dans cette circonstance, il [Robespierre] voulait sacrifier la Commune et les anarchistes ; les Comités voulaient sacrifier la Montagne et les modérés. On s’entendit. » Michelet, au contraire, a très bien séparé les communistes populaires, comme Jacques Roux, Varlet, Chalier, l’Ange, etc., des Hébertistes.