Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/629

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disponibles l’intéressaient très peu. Envoyé pour organiser la résistance à l’invasion et relever l’esprit patriotique, il agissait en fonctionnaire démocratique, pour lequel le peuple n’était que l’élément qui devait l’aider à réaliser les vues du gouvernement.

S’il se rendait à la Société populaire de l’endroit, c’était parce que, la municipalité étant « gangrenée d’aristocratie », la Société populaire lui aiderait à « épurer la municipalité », pour organiser la défense nationale et mettre la main sur les traîtres.

S’il frappait les riches d’impôts, souvent très lourds, c’était parce que les riches, « gangrenés de négociantisme », sympathisaient avec les Feuillants ou les « fédéralistes », et aidaient l’ennemi. C’était encore parce qu’en les frappant on trouvait les moyens de nourrir et de vêtir les armées.

S’il proclamait l’égalité dans telle ville, s’il défendait de cuire du pain blanc, et imposait à tous le pain noir ou le pain de fèves, c’était pour pouvoir nourrir les soldats. Et lorsqu’un agent du Comité de salut public organisait une fête populaire et écrivait à Robespierre qu’il avait uni tant de citoyennes à des jeunes gens patriotes, c’était encore une propagande de patriotisme guerrier qu’il avait faite.

Aussi est-on frappé lorsqu’on lit les lettres adressées par les représentants en mission[1], d’y trouver si peu sur les grandes questions qui passionnaient la masse

  1. On trouvera ces lettres dans le Recueil des Actes du Comité de salut public, publié par Aulard, Paris, 1889 et suiv. ; aussi chez Legros, La Révolution telle qu’elle est… Correspondance du Comité de salut public avec ses généraux, 2 vol., Paris, 1837.