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gieuses, des négociants-accapareurs, ou des particuliers, et on fournissait de la farine aux boulangers. En outre, on vit déjà se former ces bandes, composées de paysans, de bûcherons, quelquefois aussi de contrebandiers, qui allaient de village en village, saisissant les blés, et qui peu à peu commencèrent aussi à brûler les terriers et à obliger les seigneurs à abdiquer leurs droits féodaux, — ces bandes qui donnèrent en juillet 1789 à la bourgeoisie le prétexte d’armer ses milices.

Dès janvier on entendait aussi dans ces émeutes le cri de Vive la Liberté ! et dès janvier, mais encore plus nettement dès le mois de mars, on vit les paysans refuser, par-ci, par-là, de payer les dîmes et les redevances féodales, ou bien même les impôts. Outre les trois provinces de Bretagne, d’Alsace et de Dauphiné (citées par Taine), on trouve trace de pareils mouvements presque dans toute la partie orientale de la France.

Dans le midi, à Agde, lors de l’émeute des 19, 20 et 21 avril, « le peuple s’est follement persuadé qu’il était tout », disent le maire et les consuls, « et qu’il pouvait tout, vu la prétendue volonté du roi sur l’égalité des rangs ». Le peuple menaçait la ville d’un pillage général, si l’on ne baissait pas le prix de toutes les provisions et si l’on ne supprimait pas le droit de la province sur le vin, le poisson et la viande ; de plus, — et ici on voit déjà le bon sens communaliste des masses populaires en France, — « ils veulent nommer des consuls, partie de leur classe » — et ces demandes sont accordées aux révoltés. Trois jours après le peuple exigeait que