Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/671

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Révolution ! Louis Blanc et les étatistes en général s’extasient devant cette mesure de « formidable politique » alors qu’elle signifiait tout bonnement l’incapacité de la Convention de marcher dans la voie ouverte par la Révolution. C’était aussi préparer l’affreux encombrement des prisons, qui amena plus tard aux noyades de Carrier à Nantes, aux mitraillades de Collot à Lyon, aux « fournées » de juin et juillet 1794 à Paris, et qui prépara la chute du régime montagnard.

À mesure qu’un gouvernement redoutable se constituait ainsi à Paris, il était inévitable que des luttes terribles s’engageassent entre les diverses fractions politiques, pour décider à qui appartiendrait ce puissant instrument. C’est ce que l’on vit à la Convention le 25 septembre, jour où une mêlée générale fut engagée entre tous les partis, après quoi la victoire échut, comme il fallait bien s’y attendre, au parti de juste-milieu révolutionnaire : aux Jacobins et à Robespierre, leur fidèle représentant. Le tribunal révolutionnaire fut constitué sous leur influence.

Huit jours plus tard, le 3 octobre, on vit la nouvelle puissance s’affirmer. Ce jour-là, Amar, du Comité de sûreté générale, après de longues hésitations, fut forcé de faire un rapport pour envoyer devant le tribunal révolutionnaire les Girondins expulsés de la Convention le 2 juin ; et soit par peur, soit par toute autre considération, il demanda, en plus des trente-et-un qu’il accusait, la mise en jugement de soixante-treize représentants girondins qui, en juin, avaient protesté contre la violation de la Convention et qui continuaient à y siéger. Là-dessus Robespierre, au grand étonnement de tous, s’y