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tous les républicains. La lutte se faisait en gros et au détail. Quiconque avait contribué à l’exécution du roi, ou à son arrestation lors de la fuite de Varennes, quiconque avait pris part d’une façon quelconque à l’assaut des Tuileries était dénoncé à tous les royalistes et la vie lui était rendue impossible.

Dans les départements, surtout dans le Midi, les « compagnies de Jésus », les « compagnies du Soleil » et autres organisations royalistes se livraient aux représailles en masse. À Lyon, à Aix, à Marseille, on égorgea dans les prisons ceux qui avaient participé au régime précédent. « Presque tout le Midi eut son 2 septembre », dit Mignet — son Deux septembre royaliste, bien entendu. Et à côté des égorgements en masse, les hommes des compagnies de Jésus et du Soleil faisaient la chasse à l’homme au détail. À Lyon, lorsqu’ils rencontraient un révolutionnaire qu’ils avaient désigné au massacre et qui leur avait échappé, ils le tuaient et le jetaient dans le Rhône sans autre forme de procès. De même à Tarascon.

La réaction montait toujours, et enfin le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795) la Convention se séparait. Le Directoire lui succédait, pour préparer le Consulat, d’abord, et ensuite l’Empire. Le Directoire, ce fut la bacchanale de la bourgeoisie qui dépensait dans un luxe effréné les fortunes acquises pendant la Révolution et surtout pendant la réaction de thermidor. Car si la Révolution avait émis, jusqu’au 9 thermidor, huit milliards environ d’assignats, la réaction thermidorienne avait décuplé le pas : elle avait émis, en quinze mois, la somme épouvantable de trente milliards d’as-