Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/750

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ce qu’elle n’a pu mettre en pratique, toutes les grandes idées qui ont été mises en circulation pendant la tourmente, et que la Révolution n’a pu ou n’a su faire vivre, toutes les tentatives de reconstruction sociologique qui se sont fait jour pendant la Révolution, — tout cela sera le contenu de l’évolution pendant l’époque qui suivra la révolution. Viendront seulement s’y ajouter toutes les idées nouvelles que cette évolution fera surgir, lorsqu’elle cherchera à mettre en pratique le programme hérité de la dernière tourmente. Puis, une nouvelle grande révolution se fera dans une autre nation, et celle-ci, à son tour, posera le problème pour le siècle qui suivra.

Telle a été jusqu’à présent la marche de l’histoire.

Deux grandes conquêtes caractérisent en effet le siècle qui s’est écoulé depuis 1789-1793. L’une et l’autre ont leur origine dans la Révolution française, qui reprit pour son compte l’œuvre de la Révolution anglaise, en l’élargissant et en la vivifiant de tout le progrès accompli, depuis que la bourgeoisie anglaise avait décapité son roi et transféré le pouvoir aux mains du Parlement. Ces deux grandes conquêtes sont l’abolition du servage et l’abolition du pouvoir absolu, qui ont conféré à l’individu des libertés personnelles dont le serf et le sujet du roi n’osaient rêver, et qui ont amené, en même temps, le développement de la bourgeoisie et du régime capitaliste.

Elles représentent l’œuvre principale du dix-neuvième siècle, commencée en France en 1789 et se répandant lentement sur l’Europe dans le courant du siècle que nous venons de traverser.