Page:Kropotkine - Mémoires d’un révolutionnaire.djvu/358

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dangers de notre agitation et je disais franchement ce que j’en pensais. « Nous serons probablement envoyés en Sibérie un de ces jours ; et vous — quelques-uns de vous — passerez de longs mois en prison pour nous avoir écoutés. » Cette sombre perspective ne les refroidissait pas. « Après tout, il y a aussi des hommes en Sibérie, il n’y a pas que des ours. » « Où vivent des hommes d’autres peuvent y vivre. » « Le diable n’est pas aussi terrible qu’on le représente. » « Quand on a peur du loup, il ne faut pas aller dans le bois, » disaient-ils comme nous les quittions. Et lorsque quelques-uns d’entre eux furent arrêtés plus tard, ils se comportèrent presque tous bravement ; ils nous couvrirent et ne trahirent personne.