Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quant à la fertilité du sol, c’est là un argument pire encore, parce qu’il n’y a pas dans toute l’Angleterre une région de même superficie qui soit engraissée au moyen d’engrais artificiels dans une aussi forte proportion que Jersey et Guernesey.

Au dix-septième siècle, comme on peut le voir dans la première édition du Jersey de Falle, publiée en 1694, « l’île ne produisait pas assez pour les besoins de ses habitants, qui devaient faire venir des vivres d’Angleterre en temps de paix, ou même de Danzig en Pologne ». Dans « The Groans of the Inhabitants of Jersey », ouvrage publié à Londres en 1709, nous trouvons la même plainte. Et Quayle, qui écrivit en 1812 et cita les deux ouvrages que l’on vient de mentionner, se plaignait à son tour en ces termes : « La quantité produite à ce jour est tout à fait insuffisante pour leur subsistance, la garnison mise à part ». (General View of the Agriculture and the present State of the Islands on the Coast of Normandy, Londres, 1814, p. 77). Et il ajoutait : « Tout compte fait, il faut dire la vérité. Les récoltes de céréales sont mauvaises, et dans certains cas exécrablement mauvaises ». Et quand nous consultons les écrivains contemporains, Ansted, Latham et Nicolle, nous apprenons que le sol n’est nullement riche. C’est du granit décomposé, et il est facile à cultiver ;