Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/87

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lointaine, ne vaudrait-il pas mieux essayer de répondre aux questions suivantes : Pourquoi l'ouvrier anglais, dont on loue si fort les capacités industrielles dans les discours électoraux ; pourquoi le petit fermier écossais et le paysan irlandais dont la persévérance obstinée à créer un nouveau sol productif sur l'emplacement des tourbières fait l'objet de tant d'éloges, — pourquoi ne sont-ils pas, eux, les clients des tisserands du Lancashire, des couteliers de Sheffield et des mineurs du Northumberland et du Pays de Galles ? Pourquoi les canuts de Lyon non seulement ne portent-ils pas de soieries, mais parfois manquent de pain dans leurs mansardes ? Pourquoi les paysans russes vendent-ils leur blé et sont-ils contraints pendant quatre, six et même parfois huit mois de l'année de mélanger de l'écorce et toute sorte d'herbes à une poignée de farine pour faire leur pain ? Pourquoi les famines sont-elles si fréquentes parmi les cultivateurs de riz et de blé de l'Hindoustan ?

Dans les conditions actuelles de division en capitalistes et travailleurs, en détenteurs de la propriété et masses vivant d'un salaire incertain, l'extension de l'industrie à de nouveaux domaines s'accompagne toujours des mêmes faits horribles d'oppression de l'ouvrier, massacre d'enfants, paupérisme et insécurité, que l'on vit aux débuts du capitalisme dans la première moitié du dix-neuvième siècle en Angleterre.