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Page:L'Écho des jeunes, Novembre 1891.djvu/11

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L’ÉCHO DES JEUNES

« Ce que je t’ai dit là… folles chimères ! Vois-tu, enfant, il ne faut pas m’aimer. Tu as peut-être au tréfonds de ton cœur de saintes illusions. Tu ne sais pas encore le Mal : tu espères, tu crois. Je ne veux pas qu’un jour de souvenirs mauvais, tu penses : Celle-ci a pris mon âme. Je la lui avais donnée, naïve et confiante. Elle, la très perverse, la très cruelle, la Femme menteuse m’a laissé, après m’avoir douloureusement meurtri, virant aux souffles froids des doutes, désespéré, errant sans but dans la vie, en maudissant la néfaste initiatrice… »

Brusquement, il se leva ; des reproches en les yeux, il lui ferma la bouche d’un baiser. Dans son rapide mouvement, il avait brisé la tige du grand lys, qui tomba, s’abattant avec un bruit mat.

— Dans le boudoir tendu de soie bleu, aux nuances claires d’aigue-marine et de saphir, où, sur l’étoffe, s’effeuillent des pivoines d’argent, plane la frêle remembrance d’un parfum étrange évanoui, de senteurs hiératiques…


Gaston Danville.