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L’ÉCHO DES JEUNES

EN BÉMOL


« Pas la couleur, mais rien que la nuance.
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor. »

Paul Verlaine.


I


— La courtisane féline, la courtisane lascive, de ses yeux étranges, dont les iris d’or vert, prometteurs de voluptés inconnues, mystérieusement luisent sous la trame légère des cils demi-baissés ; la courtisane belle, aux lèvres rougies, fixement regarde l’éphèbe, qui balbutie, tremblant, de naïves et saintes litanies d’amour.

— Dans le boudoir tendu de soie bleue, aux teintes claires d’aigue-marine et de saphir, où, sur l’étoffe, s’effeuillent des pivoines d’argent, plane la frêle remembrance d’un parfum étrange, évanoui, de senteurs vaguement hiératiques, que nuance faiblement l’agonie de jacinthes mourantes, pâmées en une coupe de cristal.

— Il est blond comme les blés qui frissonnent aux soleils d’été, rose et diaphane comme les roses et diaphanes nuées qui voguent dans les cieux assombris et encore lumineux, aux crépuscules d’automne. Il est beau de toute sa jeunesse, de la pure et délicate harmonie de ses formes d’adolescent.


Il la prie…


II


Elle sourit…


— La courtisane pâle, aux hanches de canéphore, en