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— Grâces à Dieu, dit Stéphane avec satisfaction ; il faut espérer qu’on arrêtera bientôt tous les autres. Et après avoir serré encore une fois la main de son ami, il remonta dans sa chambre.


CHAPITRE III

COMME QUOI L’AMOUR SE COMMUNIQUE


À l’entrée de Sainte-Foye, sur une petite éminence, était située une jolie petite maison, proprement blanchie, avec des contrevents noirs ; on y arrivait par une avenue étroite, bordée de sapins et d’érables. Le soleil venait de se lever et éclairait de ses rayons d’or cette charmante habitation ; des oiseaux perchés sur toutes les branches et sous le toit de la chaumière faisaient entendre leurs doux ramages, mêlés au murmure d’un petit ruisseau qui coulait au pied du coteau et allait se perdre au milieu du gazon et des fleurs des prairies environnantes. Une calèche verte et presque entièrement couverte de boue était renversée sur le pan de la maison. Maître Jacques et sa fille venait d’arriver. Une grosse paysanne joufflue, en jupon d’étoffe, nommée Madelon, et une petite fille joviale et élancée s’empressaient de couvrir une table de porc fumé, de légumes et de lait chaud.

Maître Jacques et Helmina étaient assis sur un banc de jonc vis-à-vis d’un feu ardent allumé dans l’âtre. Helmina tenait constamment la vue baissée.

— Dépêche-toi, Madelon, dit maître Jacques, dépêche-toi, je ne puis faire long séjour ici.

— Dans un instant, maître Jacques ; oh dame ! par exemple, vous n’s’rez pas servi comme à l’Albion, j’n’ons pas eu l’temps pour ça.

— N’importe ce que tu auras, ma bonne fille, nous avons faim, tout est superbe alors, n’est-ce pas, Helmina ? Mais dis donc, ma fille, comme tu as l’air triste aujourd’hui ! que diable pourtant, ma mignonne, indépendamment de l’orage que nous avons essuyé, tu as eu assez d’agrément dans ta promenade. Hein ! pas vrai ?