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DU BRIGAND
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laissée… comment ne pas se rappeler ton sourire si divin… ta voix si mélodieuse… tes charmes … ta pureté ?… Oh ! Émile, quand votre cœur se sera ouvert au bonheur des amants… alors vous direz comme moi… toujours aimer, ou toujours pleurer… Toujours pleurer… point d’alternative… toujours des larmes !… toujours souffrir… jamais jouir !… voilà mon sort !…

Et Stéphane s’appuya la tête sur les genoux d’Émile qu’il arrosa de ses larmes.

Puis il y eut encore un silence parfait qui n’était troublé que par la brise du soir.

— Mon cher Stéphane, dit Émile d’un air inspiré, voulez-vous m’écouter ?

— Parlez, Émile, je suis toujours disposé à vous écouter.

— Eh bien ! il est encore un moyen pour vous d’épouser Helmina.

— De grâce, Émile, ne badinez pas ainsi.

— Je parle sérieusement.

— Si c’était vrai !

— Vrai comme Dieu existe. Vous êtes certain d’abord qu’Helmina est vertueuse ?

— Je le jurerais sur mon âme… c’est un ange qu’Helmina !

— Voilà tout ce que je veux savoir ; maintenant mon parti est pris.

— Qu’allez-vous faire, Émile ?

— Vous le saurez plus tard.

— Prenez garde… oh ! prenez garde.

— Ne craignez rien. Émile reconduisit Stéphane jusque chez lui et reprit la rue Saint-Louis. En détournant le coin de la rue Sainte-Ursule, il se rencontra face à face avec deux hommes dont l’un ne lui était pas inconnu : c’était Maurice.

— Ah ben, que l’bon Dieu m’bénisse ! dit Maurice, v’là une rencontre qui vient comme les cheveux sur la soupe ; mais n’importe, t’nez, après tout j’cré qu’ça n’sera pas mauvais. Ah çà, mon-