Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
LA FILLE

sieur, ajouta-t-il en s’adressant à Émile, voulez-vous nous suivre ?

— Pourquoi, s’il vous plaît ?

— Dame, pourquoi, vous l’saurez dans un instant ; tout e’que j’peux dire à présent, c’est qu’vous n’en aurez pas de r’gret.

— Il m’en a dit tout autant qu’à vous, dit l’inconnu, qui n’était autre que M. des Lauriers.

Après avoir détourné ensemble trois ou quatre rues, Maurice s’arrêta devant une petite maison d’assez chétive apparence, que ses compagnons ne tardèrent pas à prendre pour une auberge de la dernière qualité. Après avoir monté un escalier, ils se trouvèrent dans une chambre toute tapissée dont Maurice ferma bien soigneusement la porte et les fenêtres ; et comme il s’aperçut que ces précautions minutieuses commençaient à le rendre passablement suspect :

— Ne craignez rien, messieurs, leur dit-il à demi-voix, c’est que j’ai des secrets que personne autre que vous ne doit entendre.

Puis ayant retiré de sa poche une lettre pliée en tout sens :

— Reconnaissez-vous ce papier ? dit-il en s’adressant à M. des Lauriers.

— Que veut dire ceci, monsieur ? connaîtriez-vous monsieur… ?

— Ne nommez personne à présent.

— De grâce, dites-moi où il demeure, voilà deux jours que je le cherche. Et ma fille, monsieur, ma chère petite fille ?…

— Vous la reverrez, monsieur, elle vous sera rendue ; mais après que je vous aurai dévoilé un secret d’enfer, un mystère terrible ; mais après que vous aurez juré sur votre âme de l’ensevelir à jamais dans l’oubli.

— Je le jure, dit M. des Lauriers.

Maurice se leva et après avoir ouvert une porte qui donnait dans un autre appartement :

— Avant de vous initier à ce mystère qui ne vous intéresse que secondairement ! dit-il à Émile,