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LA FILLE

— Oui, maître Jacques, celui à qui vous l’avez confiée ; c’est un de ses moindres crimes !

— Mais quel homme est-ce donc ?

— Le chef des brigands du Cap-Rouge dont je fais partie.

— Lui !… vous !… dit M. des Lauriers en tremblant.

— Vous comprenez donc maintenant pourquoi je vous demandais grâce, dit Maurice en retombant aux pieds de M. des Lauriers ; pour l’amour de ce que vous avez de plus cher au monde, daignez me pardonner et me guider dans la nouvelle route que je veux suivre à l’avenir ; oui, j’en prends à témoin le Dieu que j’ai toujours méconnu jusqu’à présent, c’en est décidé, j’abandonne le crime !… Puis-je espérer, monsieur ? dites-le-moi.

— Si votre repentir est sincère, malheureux, je vous le promets, dit M. des Lauriers vaincu par sa sensibilité. Mais, de grâce, hâtez-vous de me mettre dans les bras de mon Helmina, si toutefois elle a su au milieu du crime se conserver digne de son père.

— Elle l’est, monsieur, dit Maurice, soyez-en persuadé ; elle a été bien élevée ; ma femme est trop vertueuse elle-même.

— Votre femme, dites-vous ?

— Oui, c’est elle qui l’a instruite dans la religion, qu’elle a toujours pratiquée comme un ange.

— Pauvre Helmina !… Et comment ce misérable Jacques s’est-il comporté avec elle ?

— Il lui a toujours caché son genre de vie, et tant qu’il l’a regardée comme sa fille, il a agi avec elle en honnête homme ; mais aujourd’hui qu’il la regarde comme son amante…

— Son amante !… quelle indignité !

— C’est un amour désordonné, engendré par une infâme jalousie.

— Est-ce que ma fille aimerait quelqu’un ?

— Oui, un beau jeune homme des plus aimables ; justement l’ami du jeune monsieur qui est entré avec nous ; maître Jacques l’a appris, et craignant