Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
DU BRIGAND
29

ment me le prouveriez-vous après l’empressement que vous avez montré hier ?

— Soit, dit Stéphane poussé au pied du mur, je veux croire avec vous que Helmina m’a intéressé, je veux croire à toutes les bonnes intentions que vous voulez bien me prêter ; mais encore une fois, qu’en conclurez-vous ?

— Pardi, ce que tout autre en conclurait : que vous l’aimez, et diablement encore.

— Vous vous trompez, Émile ; ce n’est que de l’amitié, dit Stéphane en affectant un air d’indifférence.

— De l’amitié avec une personne avec laquelle on n’a eu aucune relation, aucune liaison, vous n’y pensez pas, Stéphane ; l’amitié ne prend pas si vite que cela, au lieu que l’amour n’a besoin, pour naître, que d’un simple regard, que d’une seule parole. Allons, mon cher ami, n’essayez plus à faire un secret de votre amour ; dites que vous l’aimez et n’en ayez pas honte ; c’est une charmante petite fille, sur mon âme !

— Oui. Est-elle de votre goût ?

— Tellement de mon goût, que si j’étais comme vous en état de choisir une belle, je n’en prendrais jamais d’autre que cette « poupée ».

— Vous la prendriez même sans la connaître, Émile ?

— Comment, sans la connaître ? Il me suffirait de connaître sa naissance, et voilà tout.

— Et si elle était d’une naissance obscure ?

— Peu importe, pourvu qu’elle fût honnête.

— Mais si votre père s’opposait à votre union ?

— J’attendrais jusqu’à l’âge de majorité ; mon père n’aurait plus rien à dire alors.

— Et en vous mariant ainsi, Émile, ne croiriez-vous pas mal agir envers votre père ?

— Point du tout, mon cher Stéphane. Comment, parce qu’il plairait à mon père de refuser son consentement à mon union pour la seule raison que mon amante est pauvre ou d’une maison obscure, je devrais abandonner une jeune fille que j’aime, qui