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DU BRIGAND
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me si elle eût voulu faire voir qu’elle n’était pas accoutumée à hanter de pareilles gens.

— Oh ! à propos, la mère, j’aurais une petite proposition à vous faire, dit Maurice ; vous connaissez maître Jacques ?

Stéphane prêta l’oreille avec précaution.

— Je le connais, oui, comme une de mes pratiques, dit Mme La Troupe d’un air embarrassé.

— Et vous connaissez aussi sa fille ?

— Pour l’avoir vue une fois ici ; ces messieurs étaient justement présents.

Stéphane rougit visiblement.

— Oui-dà, dit Maurice en les examinant effrontément, voilà qui s’explique sans que je m’y attendais. Mais il ne s’agit pas d’ça : vous avez une petite fille Mme La Troupe ?

— Oui ; mais à quoi voulez-vous en venir, s’il vous plaît ? voilà des messieurs qui ont peut-être affaire à moi et qui s’ennuient probablement d’une conversation qui les intéresse peu.

— Que cela ne vous arrête pas, madame, dit Stéphane, qui était loin de trouver le temps long. Continuez, l’ami, nous allons nous entretenir de notre côté.

Et Stéphane et Émile commencèrent à demi-voix une conversation assez peu animée pour leur permettre d’entendre tout ce que Maurice et Mme La Troupe allaient se dire, mais en même temps assez bien feinte pour ôter toute espèce de méfiance dans leur esprit.

— Je viens ici, dit Maurice de la part de maître Jacques, pour vous demander si vous permettriez à votre petite fille de venir demeurer chez moi avec Helmina et une autre p’tite jeunesse que vous avez ben connue.

— Oui ? qui est-elle ?

— Eh ! mon Dieu, la petite Julienne, la fille à Julien, qui, à c’que m’a dit maître Jacques, a travaillé longtemps pour défunt votre mari.

Mme La Troupe ne put s’empêcher de tressaillir ; ce nom lui rappelait des souvenirs pénibles,