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CHAPITRE II.


Observations nécessaires pour la lecture et la prononciation des sourds-muets.

Nous avons su prononcer les différens mots de notre langue avant que d’apprendre à lire. La première de ces deux études s’est faite, de notre part, sans nous en apercevoir, et toutes les personnes avec qui nous vivions étaient nos maîtres sans s’en douter. De prétendus experts dans l’art nous ont introduits dans la seconde de ces sciences ; mais si nous y avons réussi, ce n’a point été leur faute, car ils prenaient tous les moyens pour nous en empêcher. En nous faisant épeler un t, un o, un i, un é, une n et un t, ils nous mettaient à cent lieues de tê : c’était cependant pour nous le faire dire. Peut-on imaginer rien de plus déraisonnable ? Enfin nous avons su lire, parce que nous avions plus de facilité que nos maîtres n’avaient de bon sens. Au moins, après nous avoir fait épeler