Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/76

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tracasseries de la vie, et toutes les petites passions personnelles viennent se briser et s’anéantir devant cette grande pensée : que l’on sert Dieu et l’humanité ! Celui qui se sent cette haute destination, jouit même des privations qu’elle impose.

Aussi, Messieurs, apprendrez-vous sans étonnement, mais non sans plaisir, que M. l’abbé de l’Épée fut un des hommes les plus heureux, comme il en fut un des plus vertueux[1]. La

  1. « Nos contradicteurs ne savent point, dit M. l’abbé de l’Épée (Institution des sourds-muets, p. 98), et ne peuvent deviner quelle est la sollicitude de l’âme d’un prêtre, qui, n’ayant éprouvé, depuis plus de soixante ans qu’il existe, aucun des fléaux personnels auxquels les enfans des hommes sont exposés, et craignant, avec justice, de vivre trop à son aise, en ce monde, cherche du moins à gagner le ciel, en tâchant d’y conduire les autres. »
    M. l’abbé de l’Épée mourut le 23 décembre 1789, à l’âge de 77 ans. Une députation de l’Assemblée nationale, ayant à sa tête M. de Cicé, archevêque de Bordeaux, vint assister à l’administration des derniers sacremens, qui lui furent donnés par le curé de Saint-Roch. Son oraison funèbre fut prononcée par M. l’abbé Fauchet, dans l’église de Saint-Étienne-du-Mont, en présence d’une députation de l’Assemblée nationale, du maire de Paris, et de tous les représentans de la commune.
    M. l’abbé de l’Épée avait reçu avant sa mort l’assu-