Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/82

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déconcerterait ce novice, et lui ferait bientôt abandonner une instruction dont il ne connaît pas tout le prix, et qui d’ailleurs n’offre rien d’agréable dans ses premières leçons.

J’ai averti, dans mon Institution méthodique, imprimée en 1776, que je n’étais point auteur de cette espèce d’instruction ; et lorsque je me chargeai de deux sœurs jumelles, sourdes-muettes, il ne me vint pas même à l’esprit de chercher des moyens pour leur apprendre à parler ; mais je n’avais pas oublié que dans une conversation, à l’âge de seize ans, avec mon répétiteur de philosophie, qui était un excellent métaphysicien, il m’avait prouvé ce principe incontestable, qu’il n’y a pas plus de liaison naturelle entre des idées métaphysiques et des sons articulés qui frappent nos oreilles, qu’entre ces mêmes idées et des caractères tracés par écrit qui frappent nos yeux.

Je me souvenais très-bien, qu’en bon philosophe, il en tirait cette conclusion immédiate, qu’il serait possible d’instruire des sourds-muets par des caractères tracés par écrit, et toujours accompagnés de signes sensibles, comme on instruit les autres hommes par des paroles et des gestes qui en indiquent la signification. (Je ne pensais point, à ce moment,