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Les jeunes fermiers dansaient pendant trois heures. Elle commandait. Elle tournait. Elle dansait avec ses élèves jusqu’à ce que ses pommettes se colorassent de rouge vif. Alors il lui fallait s’en retourner. Le porte de Peter Madsen était fermée. Le garçon la reconduisait avec la lanterne et, ouvrant le portail, il tenait un instant la lanterne, haute, tandis que la danseuse s’enfonçait dans l’obscurité. Et elle entendait le bonsoir, que lui adressait le garçon derrière elle, tandis que le battant du portail traînait sur le pavé et se fermait.

Et silencieuse, elle parcourait le chemin qui, dans cette première partie, était bordé d’arbustes et de buissons, qui s’inclinaient en murmurant…


III


Le printemps s’annonçait. Mademoiselle Irène termina son cours. La division de Peter Madsen résolut de le clôturer par une danse finale à l’auberge.

La fête tut grandiose. Un transparent portant ce mot « Bienvenue » avait été mis sur la porte de la salle. Un souper froid à trois francs par tête, que le vicaire et la fille du pasteur honorèrent de leur présence, servait de préface.

Mlle Irène était en robe de barège avec des garnitures et des rubans à la romaine autour de la tête. Ses doigts garnis de bagues lui rappelaient les heureux jours de sa prime jeunesse. Pendant les intervalles des danses elle aspergeait les hommes avec de l’eau de lavande et menaçait les « dames » avec le flacon. Cette soirée, qui clôturait si dignement son cours, l’avait comme rajeunie.

On dansa tout d’abord des quadrilles. Les parents se tenaient le long des murs et dans l’encognure des portes, chacun suivant les siens des yeux. Les jeunes se mouvaient dans les quadrilles, les visages immobiles comme des masques, marchant avec des précautions infinies, comme s’ils avaient des poids sous les pieds.

Mlle Irène, souriante, prononçait à mi-voix des expressions françaises de circonstance. L’orchestre était composé de MM. Brodersen et fils ; ce dernier s’était mis au piano, que le pasteur avait gracieusement prêté pour la fête, et régalait l’auditoire de morceaux finement enlevés.

On commença le cotillon. L’animation augmenta. Les hommes s’en allèrent prendre le punch dans la chambre du milieu et les jeunes fermiers engagèrent Mlle Irène à danser. La tête de côté,