Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/140

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qu’il a toujours voulu imposer à ce peuple une pensée, une opinion. Vaillant, malgré ses 76 ans, tonnait également, mais montrait le péril de s’être inféodé aux puissants et criait : « Six mois, survivre six mois à la guerre et pouvoir crier au peuple : Eh bien, tu as vu dans quelle aventure elle t’a jeté, ta société capitaliste de financiers et de fabricants d’armes ! »

— Bouttieaux dîne rue de Grenelle. On agite encore la question du contrôle parlementaire. Il dit que l’armée n’en veut pas, que l’opinion ne comprendra pas. Puis on parle de Millerand. Personne n’en veut plus. Les républicains lui reprochent d’avoir freiné les élans, servi les idées surannées de l’État-Major. Bouttieaux, au contraire, lui reproche d’être devant Joffre « comme un soldat de 2e classe », devant Joffre « si peu intimidant avec sa bonne grosse figure, son air endormi, sa voix placide ».

— Le 29 juillet. Joffre s’oppose à ce que la Commission de l’armée visite Verdun. Il est vrai qu’il y a là dedans Doumer qu’il déteste.

— Le 29. Le général B…, devant deux autres généraux, dans un dîner, aurait « mal parlé » de ses chefs. Il est dénoncé, frappé, ainsi que les deux autres généraux, « qui n’ont pas protesté ». Ces mœurs de suspects sont terribles.

— On a introduit à la direction de l’aéronautique un député-contrôleur qui, en vertu des pouvoirs du ministre, téléphone chaque soir aux usines, écoles, pour savoir le nombre de moteurs sortis, d’élèves prêts, etc. Hirschauer et Bouttieaux veulent s’en aller.

— Un patriote tremble qu’un syndicat de banquiers n’achète des journaux pour faire une campagne de paix. Il se félicite par contre de voir le